« Vivre ensemble » | Émilie Frèche

Dans le cadre du 17ème prix du Roman Fnac, j'ai eu la chance de découvrir « Vivre ensemble » d'Émilie Frèche. Ce roman est paru le 22 août 2018 aux éditions Stock. Merci à la Fnac pour sa confiance.

RÉSUMÉ

« La première fois qu'ils se sont vus tous les quatre, le fils de Pierre n'a pas supporté un mot du fils de Déborah, ou peut-être était-ce juste un rire, et, pris d'une rage folle, il s'est mis à hurler qu'il les détestait, que de toute façon elle ne serait jamais à son goût et Léo jamais son frère, puis il a attrapé un couteau de boucher aimanté à la crédence derrière lui et, le brandissant à leur visage, il a menacé de les tuer - cela faisait une heure à peine qu'il les connaissait. »

Tout le monde ne parle que du vivre-ensemble mais, au fond, qui sait vraiment de quoi il retourne, sinon les familles recomposées ? Vivre ensemble, c'est se disputer un territoire.

CE QUE J'EN AI PENSÉ

« Vivre ensemble », c'est un roman sur la vie. Nous faisons la connaissance de quatre personnages principaux tous aussi différents les uns que les autres. Pierre est avocat spécialisé en droit de la famille. Il entretient un mauvais rapport avec la mère de son fils et est souvent en déplacement. En effet, il s'investit régulièrement dans la jungle de Calais. Salomon, 11 ans, n'est autre que le fils de Pierre. Il est en 6ème et fait partie des enfants précoces. Son Q.I. s'élève à 150 ! Son caractère est plutôt violent, nous sentons une certaine forme de rage et de mépris envers Déborah et Léo. Il ne trouve pas sa place au cœur de cette famille recomposée. Déborah est la nouvelle compagne de Pierre. Elle est journaliste pour Arte et a l'habitude de tourner des documentaires axés sur les sujets sensibles du monde d'aujourd'hui. Elle a conservé de bons rapports avec son ex-mari, Driss, pour le bonheur de leur fils. Celui-ci se prénomme Léo. Ce jeune adolescent de 13 ans est assez mature pour son âge et est très proche de sa maman. 

Déborah et Pierre ont assisté, impuissants, aux tragiques attentats du 13 novembre 2015. Ils étaient dans la rue à ce moment-là et ont fait face aux tireurs.

« Ils étaient des miraculés, pas des victimes. Ils n'avaient rien perdu, sinon ce que leur histoire naissante avait réussi à ressusciter de leur jeunesse - l'insouciance, le désir, la légèreté -, mais que valaient tous ces sentiments maintenant que tant de gens dans Paris pleuraient un des leurs ? » page 15

L'auteure met en avant l'atmosphère pesante qui règne dans Paris - et dans la France toute entière - depuis ce fameux jour. C'est une véritable angoisse, une chape de plomb : la ville devient insupportable. Au fil des pages, ce climat de peur s'installe même chez Déborah et Pierre. Le jeune Salomon leur rend la vie très compliquée. Pierre fuit son rôle de père, laissant Déborah seule face au comportement difficile du jeune garçon. Cette femme pleine de bonnes intentions en apprend plus sur son compagnon. Elle est amenée à comprendre certains faits en rapport avec son passé douloureux.

La plume de l'auteure m'a totalement séduite. Chaque mot est extrêmement bien pesé, la puissance des émotions est incroyable. Le lecteur s'immisce parfaitement au sein de cette famille recomposée et au cœur de la France d'aujourd'hui. La fin m'a laissée bouche-bée.

« ...le vivre-ensemble est le fait de vivre harmonieusement entre concitoyens, dans l'égalité, le respect et la solidarité. » page 252

Émilie Frèche soulève la question du territoire, des différences et du « vivre-ensemble ». Ce mot nouveau s'entend partout depuis plusieurs années. Il est particulièrement difficile à atteindre, tant sur le plan privé que sur le plan politique. « Vivre ensemble » est un récit de vie dans lequel chacun peut facilement s'y retrouver. Un coup de cœur ! Rendez-vous le 22 août prochain pour la parution de ce roman.